Nous sommes fiers de vous annoncer notre participation à l’initiative des “ Futurs de l’éducation “ organisée par l’UNESCO. C’est naturellement que nous avons accepté cette proposition qui fait parfaitement écho avec la philosophie de nos activités. En effet, nous avançons dans la même direction : tendre vers une éducation meilleure, et s’adapter sans cesse aux modifications de la société. Tout comme l’UNESCO, nous sommes convaincus que l’éducation a véritablement le pouvoir de transformer le monde. Nous vous laissons découvrir cet échange passionnant 🙂
- Qu’est-ce que l’initiative les futurs de l’éducation ?
L’initiative de l’UNESCO Les futurs de l’éducation est une tentative ambitieuse de repenser l’éducation et de contribuer au façonnement de l’avenir. Elle stimule le débat mondial sur la manière dont l’éducation, l’apprentissage et le savoir doivent être mis en œuvre dans un monde de plus en plus complexe, incertain et précaire. Dans le cadre de cette initiative, l’UNESCO a nommé une Commission internationale de haut niveau, composée de leaders d’opinion ayant des compétences et des points de vue divers, issus des domaines des sciences politiques, de la recherche universitaire, des arts, de la science et des affaires. Cette Commission préparera un rapport qui sera publié en novembre 2021 et qui servira de programme de concertation politique et d’action pour les décideurs et les praticiens. Pour en savoir plus, c’est par ici : https://fr.unesco.org/futuresofeducation/
- Présentation des intervenants :
Philippe Nicolas : Enseignant depuis plusieurs années, Philippe Nicolas est titulaire d’un doctorat en sciences de l’éducation. Ses recherches se concentrent essentiellement sur le lien entre l’éducation et l’environnement. Depuis des années, il accompagne ses élèves de CM2 d’éducation prioritaire loin des sentiers battus. Il multiplie les projets qui ont du sens avec eux, avec une seule vocation : rétablir le lien entre l’élève et la nature, en donnant à vivre à ses élèves des expériences fondatrices et intérieures.
Sophie Rabhi : Pionnière de l’éducation bienveillante, Sophie Rabhi est la fille de l’écrivain, agriculteur et fondateur du mouvement Colibri, Pierre Rabhi. Maman de 4 enfants, elle gère depuis plus de 15 ans La Ferme des Enfants, une école alternative en Ardèche, au milieu d’un environnement naturel et ressourçant. Elle a basé cette école sur la pédagogie Montessori et ce qu’elle appelle aujourd’hui la pédagogie de la bienveillance.
Caroline Sost :Directrice fondatrice de l’école Living School et Présidente de l’association Savoir-être & éducation, Caroline Sost œuvre pour un renouveau dans l’éducation en France et dans le monde. Elle ressent que nos systèmes éducatifs ont besoin d’évoluer pour être réellement créateurs d’humanité. Selon elle, les enjeux mondiaux (écologiques, sociaux, sociétaux, économiques, humains…) nécessitent l’émergence de citoyens épanouis et responsables, contributeurs d’une réelle évolution de l’humanité.
Alexandre Jost : Heureux et entrepreneur, Alexandre est le créateur de la Fabrique Spinoza, un think-tank politique, visant à réintroduire le bien-être citoyen au cœur du débat démocratique. Depuis 10 ans, la fabrique est très impliquée dans le monde de l’éducation, notamment à travers ses Ateliers du Bonheur à l’école ou encore ses différents rapports sur le bien-être et l’éducation.
Laure Reynaud : Maman de 3 enfants et enseignante diplômée de l’éducation nationale, puis de psychologie positive, Laure Reynaud a fondé ScholaVie avec Ilona Boniwell. Cette structure propose des outils, formations et jeux éducatifs pour favoriser un climat positif à l’école et en famille, et développer les compétences de la résilience et du bien-être de l’enfant et de l’adolescent.
- Résumé du groupe de discussion :
Thème 1 : Notre monde en mutation : Comment envisagez-vous l’avenir ?
Quand vous pensez à 2050… Qu’est-ce qui vous donne le plus d’espoir ? Qu’est-ce qui vous préoccupe le plus ?
Dans ce contexte mondial inédit, chacun des intervenants partage bien sûr certaines préoccupations. Parmi celles-ci, nous retrouvons principalement l’inquiétude d’un éloignement de plus en plus important avec la nature. En effet, comment peut-on envisager une éducation déconnectée du vivant alors que cela constitue la base de tout ? Dans ces interrogations sur l’avenir, viennent également la question de la solitude de nombreuses personnes et de la santé mentale qui se dégrade, ou encore de l’irresponsabilité et du manque de civisme de certains face à notre planète malade. Comme le rappelle Laure Reynaud “ 2050, c’est demain, il y a urgence à en prendre soin. “ Autant de choses qui rappellent combien il est important dès le plus jeune âge, à l’école notamment, d’apprendre ce qu’est le vivre ensemble et de l’expérimenter au quotidien.
Cependant, tous les participants de cet échange sont d’accord sur un point : l’optimisme. Car même si nous vivons actuellement des bouleversements sanitaires, écologiques, sociaux ou encore religieux qui sont inquiétants, ils sont également une invitation à tout repenser. Il nous est proposé actuellement de nous adapter, de nous transformer, et de nous humaniser. En effet, il faut parfois être au pied du mur pour engager le changement, et la prise de conscience de l’urgence de la situation, qu’il n’y a pas d’autre issue possible que de décider ensemble du comment bien vivre bien ensemble dans notre environnement, et ce dès le plus jeune âge, peut être une très belle opportunité.
Comme peut le remarquer Caroline Sost dans ses rencontres quotidiennes, de plus en plus de personnes engagent des changements plus rapides qu’avant, pour se créer une vie qui a du sens, et cette accélération est réellement encourageante. D’autre part, Alexandre Jost et Laure Reynaud nous parle d’espoir en termes d’outils. En effet, nous savons d’un côté que les maladies psychologiques sont le fléau du 21ème siècle, mais d’un autre, nous accumulons des connaissances, notamment grâce aux récentes études en neurosciences ou en psychologie positive, qui nous donne de l’espoir. L’espoir de voir le bonheur être replacé au coeur du système éducatif, et d’en faire un principe fondamental qui guiderait l’élaboration de nos politiques d’éducation, en terme de programmes scolaires ou encore de formations des professeurs. En effet, même si le bonheur est quelque chose d’intangible et de subjectif, il y a en même temps des choses universelles qui peuvent être découvertes, réfléchies et développées à l’école, comme la gratitude, l’optimisme, l’empathie… qui ne sont pas des traits de caractères, mais des compétences que l’on peut entrainer comme des muscles. Ainsi, à la fois parce que l’on passe beaucoup de temps à l’école et parce qu’elle nous donne les clefs pour devenir ce que nous sommes, ce serait génial qu’elle nous enseigne ces compétences là. En faire une priorité aujourd’hui, c’est préparer l’avenir de 2050 et rendre les citoyens de demain libres, responsables, sachant mieux communiquer, respecter l’autre, s’engager et devenir les artisans de leur bonheur comme de celui des autres. L’espoir tient également dans les choses simples, comme redonner la place et la parole à l’enfant dans le processus éducatif. Comme nous le rappelle Sophie Rabhi et Philippe Nicolas, chaque enfant possède un potentiel unique et énorme ! Et c’est précisément vers eux, les premiers concernés, que nous devrions nous tourner pour un avenir d’espérance, plutôt que de nous concentrer sur ce qui ne va pas. C’est une vraie clef que d’aider chacun à regarder à l’intérieur de soi pour découvrir son génie, ses forces uniques, et de l’aider à les mettre au service du bien commun. Leur permettre simplement d’être eux-mêmes dans la manière d’éduquer, et ne plus être dans une logique de soumission ou de compétition. Si chacun fait cela, c’est toute la société qui change !
Thème 2 : Les finalités de l’éducation
Compte tenu des visions de 2050 que vous venez de décrire… Quels devraient être les objectifs collectifs de l’éducation en 2050 ?
Avant d’aborder le thème des finalités de l’éducation, un point essentiel est ressorti de cet échange, et est à mettre au coeur du changement : la place de l’éducateur. En effet, nous ne pouvons transmettre à un enfant des choses que nous ne ressentons pas nous-même. Il y a donc de réels progrès à faire dans la formation des enseignants. En les encourageants à prendre d’abord soin d’eux-même, en dialoguant, en les rémunérant à leur juste valeur, en renforçant un climat scolaire positif, en redonnant du sens à leur mission qui leur tient tant à coeur, tout simplement. “ Il faut tout un village pour élever un enfant “. Concernant les objectifs collectifs de l’éducation en 2050, nous pouvons, comme l’a fait Alexandre Jost, les découper en trois points qui sont interdépendants, et que chaque intervenant a pu développer dans ses réponses :
– La juste relation à soi : Comment être bien avec les autres si on ne l’est pas soi-même ? Une des grandes finalités de l’éducation, est de permettre à chacun de pouvoir prendre conscience de son potentiel et de le réaliser, à tout âge. De trouver sa mission de vie. Car chaque individu devrait avoir la chance de comprendre qu’il a de la valeur. Ainsi, il est urgent de remettre le rêve et les aspirations de chacun au coeur de l’éducation. Philippe Nicolas nous encourage à réfléchir à ce qui fait briller les yeux des élèves, et est convaincu que la vérité se trouve ici. Mais pour être capable de donner quelque chose à autrui, il faut se l’être donné à soi-même. Et c’est ici que la place de l’éducateur est primordiale. Car dans les finalités de l’éducation, les premières personnes à prendre en compte sont celles qui transmettent, et non l’inverse. Il y a donc également un réel travail à faire sur la formation des professeurs.
– La juste relation aux autres : Nous sommes des êtres de relations, et l’éducation doit encourager cela. Nous co-construisons le monde de demain tous ensemble, et c’est pour cela qu’il faudrait bannir toute forme de compétition entre élèves, mais au contraire, encourager la coopération, par la pédagogie de projet par exemple, qui fait de vrais miracles dans les salles de classes. Comme le souligne Sophie Rabhi très justement, la vie et l’avenir de nos enfants ne devraient pas résulter d’un programme issu du mental d’un groupe d’adultes donné. Car nous sommes tous des experts dans une domaine, et chacun devrait pouvoir apporter sa pierre à l’édifice d’un monde et d’une éducation meilleure. Notre société est trop focalisée sur la réussite personnelle, alors que nous avons besoin au contraire, de rappeler le plaisir de la joie d’être sur terre et d’apporter un plus dans la vie des autres. Le génie n’a pas de sens s’il n’est pas au service des autres !
– La juste relation au tout : L’éducation ne peut être dissociée du vivant. Nous en avons besoin pour être heureux. La nature est une source d’apprentissage formidable, mais nous en sommes complètement coupé à l’école. En résulte des immenses manques de connaissances sur l’écologie, l’alimentation, la biodiversité… Alors que ce sont les premières choses que nous devrions apprendre ! Il est ainsi primordial que nous nous engageons pour la planète dès le plus jeune âge. Le récit écologique peut être punitif, mais également extrêmement positif et joyeux. La nature apporte sérénité, émerveillement, responsabilisation, espoir, magie, découverte, créativité… elle apporte la vie tout simplement ! Une des grandes finalités de l’éducation de demain devrait donc être de multiplier les opportunités pour les élèves de se relier au vivant.
Plus généralement, la finalité de l’éducation ne devrait plus seulement viser le développement des connaissances, mais le développement des compétences humaines, et ce, tout au long de la vie. On a jamais fini d’apprendre, comme le conclut Laure Reynaud.
Thème 3 : Implications pour l’apprentissage
Avec les visions de 2050 et les objectifs collectifs de l’éducation que vous venez de décrire… Comment est-ce que la manière dont nous apprenons, la nature de ce que nous apprenons et les lieux où nous apprenons devraient changer dans le futur ?
Manières d’apprendre : Sur cette thématique, les pédagogies alternatives ont beaucoup à nous apporter. Pour exemple, Sophie Rabhi nous rappelle que Maria Montessori, il y a déjà plus de 100 ans, nous invitait à changer notre regard sur l’enfant, en prenant une position d’observateur, et en faisant confiance à ses processus naturels. En effet, les enfants nous montrent le chemin, ils savent ce qu’ils veulent faire. Ils aiment explorer, expérimenter, et c’est précisément comme cela qu’ils apprennent ! D’autre part, Caroline Sost met l’accent sur une démarche plus globale dans la manière de transmettre. En effet dans nos sociétés actuelles, tous les apprentissages partent du mental, alors qu’il faudrait plutôt prendre en compte la globalité de l’être, en liant tout harmonieusement, sans dissocier le coeur, le corps et la tête, et développer ainsi notre intelligence globale. Enfin, Philippe Nicolas nous rappele qu’il n’y a pas de meilleur moyen pour apprendre que l’expérience ! On apprend en coopérant, en s’inspirant les uns et des autres, et à travers un même projet, nous pouvons voir toutes les matières. Ainsi, la manière d’apprendre peut réellement être transformée si l’on pense les contenus de façons transversales et pluridisciplinaires.
Contenu des apprentissages : Tous les intervenants sont d’accord sur le fait que les compétences humaines, sociales et émotionnelles, devraient être enseignées à l’école. Les savoirs, mais également les savoir-faire et les savoir-être ont toute leur place dans les programmes scolaires. Il est important d’apprendre à communiquer efficacement, à gérer son stress et ses émotions, à être empathique, à se connaître, à régler des problèmes…et même d’apprendre à apprendre ! Caroline Sost nous témoigne que dans son école, la Living School, des matières ont été mises en place telles que “ Apprendre à s’affirmer plutôt qu’à réagir “, “ Comment résoudre des conflits “, “ Développer un bon repère intérieur “… et ceci est révolutionnaire pour les élèves ! Des choses très pragmatiques de la vie quotidienne prendraient également beaucoup de sens dans les programmes, comme le rapport à l’argent, à la réussite, la démocratie, la religion, la sagesse, ou encore la cuisine, la couture, la gestion de l’aspect administratif… du concret ! Enfin, l’accent devrait être mis sur la créativité : c’est un véritable enjeu pour demain que de faire prendre conscience à chaque élève qu’il peut être créateur de sa vie, et ainsi, être acteur de ce monde.
Lieux d’apprentissage : Une notion clé ressort de cet échange : l’école d’aujourd’hui est trop cloisonnée et pas du tout représentative de la vraie vie. Tout le monde est entre quatre murs, sans se rencontrer. Or, l’école devrait être ce lieu d’ouverture qui crée du lien, et même, devenir un moteur dans la transition. Pour cela, les intervenants imaginent une disparition de l’école telle qu’on la connaît au profit de lieux plus ouverts. Sans penser à de grandes révolutions, il serait très intéressant de faire le lien avec l’environnement de l’école : la maison de retraite, la salle de danse, les espaces verts, la boulangerie… C’est en étant connectés que nous apprenons le mieux, et l’école devrait nous permettre de sortir de nos limites pour aller rencontrer un nouveau mode de vie, qui nous permettrait d’élargir nos modes de pensées. Les intervenants se rejoignent également sur une nécessité à l’école : la présence de la nature. C’est notre milieu d’origine et il est primordial de la faire rentrer à l’école, et d’apprendre dans des lieux vivants. Ceci peut passer par plus de sorties scolaires, par la création d’espace de permaculture au sein de l’école, par l’intégration de la biodiversité dans chaque matière… Les créateurs du monde de demain sont aujourd’hui dans les écoles, et il est urgent qu’elle soit représentative d’un monde plus juste.
Participez vous aussi aux Futurs de l’éducation : https://fr.unesco.org/futuresofeducation/get-involved/top-3-des-defis-et-finalites-de-leducation
Retrouvez l’échange complet dans la vidéo ci-dessous !
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